Skip links

Restitution des objets de l’entreprise et état de ces derniers

Ce qu'il faut retenir :

01

Dans le cadre d’un contrat de travail, la mise à disposition de matériels peut s’avérer nécessaire pour que l’employé mène à bien l’exécution de ses fonctions. Il incombe néanmoins au salarié de les restituer en bon état lorsque son contrat de travail arrive à son terme.

02

L’attestation de restitution doit impérativement indiquer la description rigoureuse des matériels
restitués, les réserves éventuelles sur l’état de ces derniers, les dates de mise à disposition et de
restitution, ainsi que les signatures des intéressés.

03

La perte ou les dégradations des matériels ne relevant pas d’un comportement intentionnel de la part du salarié, l’employeur ne peut ni contraindre ce dernier à un remboursement, ni prétendre à un quelconque rachat de sa part.

04

Il peut arriver qu’une somme correspondante au prêt des matériels soit retenue sur la fiche de paie du salarié

Dans le cadre d’un contrat de travail, la mise à disposition de matériels peut s’avérer nécessaire pour que l’employé mène à bien l’exécution de ses fonctions. Ainsi, il est des plus courants que l’employeur fournisse à ses salariés différents appareillages, tels qu’un téléphone portable, un ordinateur portable, une voiture de fonction ou de service, les clés d’un local professionnel, ou encore des vêtements de travail. Pour autant, l’entreprise étant propriétaire de ces accessoires, il incombe au salarié de les restituer à cette dernière, en bon état, lorsque son contrat de travail arrive à son terme. Bien souvent, il est d’usage que cette remise fasse l’objet d’une attestation de restitution, laquelle doit impérativement comporter les mentions suivantes : une description rigoureuse des matériels restitués, les réserves éventuelles sur l’état de ces derniers, les dates de mise à disposition et de restitution, ainsi que les signatures des intéressés. En revanche, il convient de préciser que, dès lors que la perte ou les dégradations des matériels ne relèvent pas d’un comportement intentionnel de la part du salarié, l’employeur ne peut ni contraindre ce dernier à un remboursement, ni prétendre à un quelconque rachat de sa part. 

L’intérêt du constat de restitution

Le défaut volontaire de restitution de la part du salarié peut entrainer de lourdes conséquences qu’il est préférable d’éviter. En effet, au regard que l’article 314-1 du Code pénal : « L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé. L’abus de confiance est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende ». Ainsi, afin d’écarter toute difficulté, il est des plus opportuns pour les intéressés de requérir l’intervention d’un Commissaire de justice. En effet, celui-ci sera en mesure de dresser un procès-verbal de constat, lequel constat fera foi jusqu’à preuve du contraire, et emportera plus aisément la conviction du juge en cas d’instauration d’un contentieux entre les intéressés. Ainsi, par exemple, il se pourrait qu’un employeur de mauvaise foi détériore les matériels, a posteriori de la restitution, afin de présenter son salarié comme auteur d’une faute. Une telle conjoncture n’est évidemment pas possible dès lors qu’un procès-verbal de constat a été dressé au moment de ladite restitution. 

La procédure à suivre

Traditionnellement, la restitution des avantages prêtés en nature par l’employeur s’effectue au terme du contrat de travail, à la fin du préavis de départ de l’entreprise. Il peut arriver qu’une somme correspondante au prêt des matériels soit retenue sur la fiche de paie du salarié, pour la tenue de travail par exemple. Dans une telle situation, rien d’anormal, la somme retenue sera remboursée dans les plus brefs délais une fois la remise effective des biens prêtés. À défaut de restitution, qu’il soit ou non constaté par le Commissaire de justice, il est recommandé à l’employeur de mettre en demeure le salarié fautif de répondre à son obligation. Si ce dernier persiste dans son silence ou son inaction, il est alors vivement opportun pour l’employeur de saisir le Conseil des prud’hommes. Par exception l’employeur peut également, sans être en possession d’un titre exécutoire, saisir le juge de l’exécution aux fins de délivrance d’une injonction. À cela, une saisie-appréhension sera mise en œuvre par un Commissaire de justice, mesure d’exécution forcée qui a pour objet la remise matérielle d’un meuble corporel détenu par autrui.

Actualités (mise à jour 2025)

La chambre sociale de la Cour d’appel de Dijon est récemment venue apporter une précision importante dans un arrêt du 20 octobre 2022 (n° 21/00047). En l’espèce, l’employeur demandait la restitution du matériel mis à la disposition du salarié pour les besoins de son activité professionnelle, soit une tablette Samsung Galaxy Tab A6 et accessoires (coque, câble et chargeur), un téléphone professionnel et ses accessoires, des documents métier (manuel d’utilisation RITA et carte danger RID), des équipements (parka, tee-shirt manches longues, gilet orange, casquette, paire de gants taille 10, sac à dos, pantalon et paire de chaussures), une clé de berne, la clé des locaux de l’entreprise, une lampe frontale et une clé T29. Toutefois, le salarié refusait de les restituer en estimant que ce matériel était quérable et non portable et que son droit de rétention était fondé en raison de la mauvaise foi de l’employeur qui refusait de payer le solde de tout compte. La Cour d’appel a ainsi affirmé que : « La remise par l’employeur d’un matériel nécessaire à l’exercice d’une activité professionnelle ne correspond à aucun des cas précités et alors que la créance impayée de l’employeur n’est pas née à l’occasion de la détention de ce matériel, mais de la rupture du contrat de travail. Le salarié ne peut donc opposer aucun droit de rétention, sauf à se faire justice lui-même, et le jugement sera confirmé en ce qu’il a ordonné la remise de ce matériel sous astreinte, sauf à préciser dans le dispositif subséquent, le matériel concerné et les modalités de la remise dans le temps ». Par conséquent non, un salarié ne peut pas garder le matériel de l’entreprise en rétention pour des heures supplémentaires non rémunérées, des salaires non versés ou l’absence de versement de la totalité du solde de tout compte.
Voulez-vous bénéficier d'une expérience plus personnalisée en acceptant nos cookies ?
Accueil
Etudes
Vos droits
Contact